Dans mes objectifs des 30 ans je m’étais lancé le défi de faire un half Ironman. Pour rappel c’est un triathlon longue distance, où il faut parcourir 1,9 km de natation, 90 km de vélo et 21,1 km de course à pied. Voici le récit de ma course, comme si vous y étiez !
Un petit mot sur ma préparation
Après le triathlon d’Annecy il y a deux ans, je m’étais toujours dit qu’une fois dans ma vie il fallait que je fasse un demi Ironman. Il n’existe que deux triathlons en France de la marque Ironman sur ce format (Vichy et Aix-en-Provence). Au mois de juillet l’année dernière, un peu sur un coup de tête, je me suis inscrite à celui d’Aix.
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Dans cette optique j’ai rejoint depuis le mois de septembre un club de triathlon à côté de chez moi. Une bonne idée pour s’entraîner en groupe, se motiver et progresser davantage dans les différentes disciplines.
Natation : j’ai l’impression d’avoir progressée cette année, mais je me suis limitée à 1 séance par semaine, donc pas incroyable non plus. Je n’ai par contre pas eu l’occasion de m’entrainer en eau libre cette année…
Vélo : c’est la discipline d’où je partais le plus loin. Depuis décembre/janvier j’ai appris à apprivoiser mon nouveau vélo et être à l’aise avec les pédales automatiques. La saison d’hiver et de début de printemps n’est pas idéale pour s’entraîner, mais j’ai réussi à faire une ou deux sorties par semaine, dont quelques longues de 60-80km. J’ai surtout insisté sur le dénivelé plutôt que la vitesse, vu le parcours vélo très vallonné qui m’attendais à Aix.
Course à pied : j’ai fait le choix de courir le semi-marathon de Paris au mois de mars pour me rassurer sur cette distance que je n’avais pas couru depuis longtemps, sans préparation spécifique par contre. A part ça j’ai fait en général 2 séances par semaine : 1 séance en intensité avec le club (fractionné) et 1 sortie longue ou footing.
J’ai fait en plus quelques séances d’enchaînements (vélo puis course à pied) + 1 séance de renforcement musculaire par semaine.
Au final j’étais confiante sur la natation et le vélo, je sais que je suis largement capable de faire ces distances. Mon doute était plus sur ma capacité à courir un semi-marathon après tout ça… Mais bon, quand on veut on peut !
Récit de la course
J-1
La veille, je retire facilement mon dossard, mes sacs de transition, mon bonnet de natation, mes autocollants et tatouages. Je me suis bien organisée, j’avais déjà préparé mes sacs vélo, course à pied et natation. Il ne me restait plus qu’à transvaser le tout dans les sacs fournis et aller les déposer aux endroits de transition à Aix et au lac de Peyrolles, ainsi que mon vélo.
En fin d’après midi on teste l’eau du lac, elle n’est pas chaude mais c’est déjà moins pire que le lac Léman ! Le soir j’applique mes tatouages (ca sera ça de moins à faire demain matin), un plat de pâtes et au lit.
Jour J !
Ca y est… le moment que j’attends depuis presque un an est enfin arrivé !
Après une nuit de sommeil correcte, je me lève à 6h pour le petit déjeuner. J’ai pris le parti d’arriver sur les lieux au dernier moment car de un il est déjà suffisamment tôt comme ça, et de deux je veux limiter le temps à attendre dans le froid.
La météo annonce un grand soleil, mais beaucoup de vent avec rafales à 70 km/h. Il va falloir faire avec.
Je me couvre bien avec deux pulls et une doudoune, et en route pour le lac de Peyrolles. Je dois encore déposer mes gourdes sur mon vélo et vérifier la pression des pneus. Petite frayeur car le parc à vélo fermait à 7h10, je suis arrivée in extremis à 7h09, ouf.
Arrivée au lac, je suis impressionnée par le nombre de bonnet jaune (hommes) et le peu de bonnets roses (femmes)… J’enfile ma combinaison et il est temps d’aller se placer dans les sas de départ où je vais attendre une bonne demi-heure pour partir avec le groupe 39-40 min. Je suis plutôt sereine, je sais pourquoi je suis là et je sais que ça va le faire !
Natation :
Le départ se fait en rolling start, c’est à dire que 7 personnes partent toutes les 15 secondes. Cool pour éviter l’effet machine à laver du début ! Le lac est à 15,8 degrés, glaglagla mais pas le temps d’y penser, il est maintenant l’heure de se jeter à l’eau et nager !
Le début est comme toujours un peu chaotique, il faut jouer des coudes, trouver sa place et son rythme. Rapidement je passe la première bouée et c’est parti pour une longue ligne droite de presque 1 km. J’essaye encore de me dégager des gens pendant quelques mètres, et je peux enfin poser ma nage comme il faut. 1, 2, 3 mouvements, respiration, 1, 2, 3, respiration. Ma petite bulle est régulièrement interrompue par des coups de pieds ou des mecs qui essayent de te nager dessus, mais globalement je suis à l’aise et je n’ai pas encore trop froid. J’essaye de m’orienter soit en nageant parallèle aux gens, soit grâce au paysage, avec un petit coup d’oeil devant de temps en temps pour voir si je ne dévie pas.
La dernière bouée du demi-tour arrive finalement et là les choses se gâtent. Le vent est de face, et on doit nager contre des vaguelettes incessantes. J’ai l’impression de me retrouver en pleine mer parmi les survivants du titanic ! Crawler dans ces conditions n’est pas facile, j’ai du mal à tenir le rythme d’une respiration tous les trois temps et me redresse souvent pour faire quelques mouvements de brasse. Les gens autour ont l’air aussi déboussolé que moi… Malgré tout j’arrive à avoir de bonnes sensations pendant plusieurs minutes sur ce retour. J’arrive même à faire pipi dans ma combinaison (un de mes objectifs secrets !). Vers la fin je me prend un coup de pied dans les lunettes, outch pas agréable. Le mec s’excuse mais je suis obligée de m’arrêter pour les repositionner (et vérifier que mon oeil est toujours là !). Finalement les deux grosses bouées Ironman se rapprochent petit à petit, et j’entends le speaker de plus en plus clairement, youpi ! Je finis la natation en 47 min, les pieds gelés. Un chrono bien médiocre mais dans des conditions pas faciles du tout.
Transition 1
Il faut courir pendant au moins 500 mètres pour arriver dans le parc à vélos. Je récupère mes affaires et s’ensuit la transition la plus longue de l’histoire ! J’ai pris le parti de me changer entièrement pour ne pas avoir à rouler avec des habits mouillés, par peur d’avoir froid à cause du vent. J’enlève donc ma combinaison et mon maillot de bain et je mets ma trifonction à laquelle je rajoute des manchettes et un coupe vent sans manches. Je me tartine de crème solaire, mange une pompote, mets mon casque, mes lunettes et je vais enfin récupérer mon vélo. Temps total : 13 minutes.
Vélo
Je monte sur le vélo, clipse mes chaussures et c’est parti pour une longue ballade de 87 km à travers la campagne provençale. Je n’ai jamais parcouru un telle distance, on verra bien.
Les 15 premiers km passent tout seul, le parcours est vallonnée, quelques rafales de vent par ci par là mais plutôt agréable. D’ailleurs, stratégie d’habillement parfaite : je n’ai ni trop chaud ni trop froid ! Par contre je me rends compte que j’ai vraiment mal au ventre à cause de la natation…
A partir du km 20 ça commence à monter un peu, mais les efforts restent assez court et il y a toujours la récompense de la descente derrière. Je me fait doubler par des vélos machine de guerre, et je ne double pas grand monde. Qu’importe, les paysages sur le parcours sont vraiment beaux, la nature à perte de vue. Par contre l’état de la route laisse vraiment à désirer. D’ailleurs au km 30, on quitte le département des Bouches du Rhônes pour le Var, et là le changement est flagrant : la route devient lisse et neuve !
Je fais attention de boire régulièrement pendant tout le parcours, toutes les 15 min environ, alternant eau et boisson iso, et de manger barres de céréales et pâtes de fruits tous les 20 km.
Pas trop de souvenirs particuliers jusqu’au km 55, le parcours n’est pas difficile, je sens que mes jambes ne sont pas toutes fraîches, je commence à avoir hyper mal à des muscles fessiers que je ne connaissais pas, mais je tiens le coup. Mes parents sont là pour m’encourager vers le km 55, ça fait du bien.
Après ça les vraies difficultés commencent. Le tracé du parcours revient sur Aix et on se retrouve avec le vent de face, mais alors d’une violence ! Sur une route parfaitement plate on était tous à 15 km/h… Et cela dure jusqu’au km 70, vent de face, vent de côté, je m’accroche à mon vélo tellement les bourrasques manquent parfois de m’envoyer dans le décor…
Au km 70 on commence l’ascension du col de Cengle. Ça monte beaucoup mais c’est assez court, environ 3 km. Pas de difficulté comparée à nos montagnes des Alpes ! Les paysages de là-haut sont magnifiques, j’ai retrouvé la pêche dans mes jambes et mon mal de ventre s’atténue un peu. D’ailleurs je me paye le luxe de doubler quelques personnes ! S’en suit une descente très technique avec des virages en épingles agrémentés de rafales de vent latérales, plutôt flippant, je reste très concentrée.
La fin du parcours n’est jamais plate : montées, descentes, puis entrée dans Aix-en-Provence sur un beau faux plat montant. La Rotonde est là, je vois déjà les gens qui courent, ça va être à mon tour maintenant…
Je finis le parcours vélo en 3h41, avec une vitesse moyenne de 24.4 km/h !
Transition 2
Je déclipse la pédale gauche, galère un peu pour la droite mais c’est fait. Je cours poser mon vélo et récupérer mes affaires de course à pied. J’enlève tout mon équipement pour ne garder que ma trifonction. Je prends le temps de me re-coiffer (la fille quoi !!), de boire un peu et de manger une pompote. Une fois prête je passe rapidement aux toilettes et c’est parti pour le semi-marathon.
Course à pied
C’est la partie que je redoutais le plus. Cela m’a toujours paru inconcevable de courir un semi-marathon après tout ça, mais il va bien falloir le faire… D’emblée j’adopte une vision courte-termiste : je ne me dis pas que je vais courir 21 km, mais plutôt 7 km, puis 7 km, puis 7 km (le parcours fait 3 boucles). Psychologiquement ça fonctionne plutôt bien.
Je pars à une allure que je juge confortable, sans forcer du tout. Bizarrement cette allure se situe aux alentours de 5’30 au km, je me dis qu’on verra par la suite mais je suis très agréablement surprise par l’état de mes jambes, comme si elles avaient fait un “reset” ! Par contre mon mal de ventre est toujours là, ultra désagréable.
Le parcours est casse-pattes, avec plusieurs montées dont une dans un parc où je suis presque la seule à ne pas marcher. Je tiens la même allure sans aucun problème sur les 7 premiers km.
Fin du premier tour, je récupère mon premier chouchou, fait un tour de la rotonde et c’est reparti. L’ambiance est tellement dingue vers l’arrivée, j’ai déjà hâte d’y revenir.
Le deuxième tour passe également sans encombre, exactement au même rythme que le premier. Je me sens vraiment bien, hormis le mal de ventre mais parfois il faut faire abstraction. Je bois un verre d’eau aux ravitaillements tous les 5 km car je sens que les crampes aux mollets ne sont pas loin, et mange une pâte de fruit en courant.
Deuxième chouchou au bout de 14 km, et c’est déjà l’heure du 3ème et dernier tour ! Celui-ci est un peu plus difficile pour mon petit corps, le rythme ralentit légèrement, mais hors de question de marcher. Je me motive en me disant que je finirais la journée dans un bon bain chaud et le reste de la semaine dans mon canapé, donc ça vaut bien ce dernier effort ! Je me concentre sur mon souffle, et finalement ça passe plutôt rapidement. Je récupère avec joie mon dernier chouchou, je n’en reviens pas que je vais finir ! Cette fois j’ai le droit de passer dans le couloir “Finish line” et je me retrouve sur le tapis Ironman, à sprinter pour passer l’arche d’arrivée tout sourire au bout de 1h55.
Bilan
Temps total : 6h47, et je suis contente de moi ! J’ai fait au mieux de mes capacités sur les trois disciplines, sans jamais me mettre dans le rouge. J’ai une grosse marge d’amélioration sur les transitions mais je suis parti du principe que tout le monde s’en fout que je fasses 10 minutes de moins ou de plus, donc j’ai préféré privilégier le confort à la rapidité.
Je n’en reviens pas trop d’avoir réussi un tel challenge, même si je n’ai jamais douté de mes capacités. Cette fois-ci je ne me suis pas laissé impressionner par les autres, j’ai fait la course pour moi, à mon rythme, avec pour seul objectif de me dépasser moi-même et surtout de prendre du plaisir.
Pour conclure, une phrase que j’avais lu dans un article de presse et que j’avais trouvé très vraie sur le format Ironman :
« Cela me fascine que les créateurs ait façonné un aussi grand spectacle avec des anonymes. Il y a les champions, puis les gens normaux qui réalisent quelque chose d’anormal. Même s’il y a une grande théâtralisation, les gens s’identifient car chaque personne ressent une joie authentique. C’est presque plus que du sport, un dérivatif de vie… «
Un seul mot « bravo »…
C’est comme « les conquérants de l’inutile » just for the fun !
On y était, on t’a encouragée, tu nous as donné des émotions, Sommes très fière de toi!!!! Avec en prime toujours le sourire:) plaisir et fun, Bravo!!!! Ta phrase préférée : » Quand on veut on peut » prend tout son sens!!!!