Le jeûne est une pratique peu conventionnelle et controversée, du moins en France, mais qui mérite d’être davantage connue. Tantôt décrit comme vertueux par les naturopathes, tantôt considéré comme dangereux par les scientifiques et les nutritionnistes, qu’en est-il vraiment ?
Le jeûne est une pratique aujourd’hui controversée car il n’existe que peu d’études sur le sujet. En effet, pourquoi financer une étude où les gens ne prennent aucun médicament et ne mangent rien ? On comprend que cela n’a pas beaucoup d’intérêt pour l’industrie pharmaceutique et agroalimentaire… Le lobby de ces industries est à mon avis pour beaucoup dans la désinformation sur le sujet et c’est bien dommage.
De nos jours notre santé peut être compromise par l’abus de nourriture, une mauvaise hygiène de vie, la prise de médicaments… Jeûner est un moyen naturel pour se refaire une santé car il permet au système digestif de se reposer ainsi que de nettoyer les toxines et déchets présents dans le corps.
Personnellement je le pratique régulièrement (environ 2 ou 3 fois par an) sur 3 jours et j’en retire de grands bénéfices.
À lire aussi : Jeûne de 3 jours : mon expérience
–
Qu’est-ce que le jeûne ?
Jeûner est une pratique qui ne date pas d’hier. Nos ancêtres le faisaient naturellement car ils devaient chasser ou cueillir pour se nourrir, et devaient donc jeûner en attendant de trouver de la nourriture.
C’est aussi une pratique d’auto-guérison profondément ancrée dans la nature : les animaux par exemple cessent instinctivement de manger lorsqu’ils sont blessés ou malades.
Le jeûne est aussi utilisé dans certaines pratiques religieuses (Carême, Ramadan…) dans le but d’assainir son esprit et se recentrer sur l’essentiel.
Le jeûne complet tel qu’on l’entend aujourd’hui consiste à s’abstenir de tout aliment solide et liquide, à l’exception de l’eau, pendant une période plus ou moins longue.
Le corps a la capacité de jeûner pendant une quarantaine de jours en puisant dans ses réserves énergétiques. Sans aller dans cet extrême, le jeûne est généralement pratiqué sur 3 jours, 5 jours, 1 semaine, 2 semaines, voire 1 mois.
Que se passe-t-il dans notre corps quand on jeûne ?
Pour nous fournir l’énergie nécessaire lors d’un jeûne, le corps va utiliser le mécanisme de l’autophagie (ou autolyse). Lorsque l’on cesse de s’alimenter, la production de globules blancs augmente et va se diriger vers nos cellules pour les nettoyer en éliminant leurs déchets. Ceux-ci vont être utilisés pour nous fournir de l’énergie, et la cellule va se régénérer.
L’autophagie est un phénomène qui existe naturellement même lorsque l’on mange, mais qui est accentué en cas de restriction calorique ou de jeûne.
Voici ce qui se passe étape par étape :
De 6h à 24h après le début du jeûne – Épuisement du glucose
Sans s’alimenter, le niveau de sucre dans le sang chute drastiquement et le corps va alors aller chercher l’énergie dans le foie en transformant le glycogène qui y est présent en glucose. Cependant ce processus est limité et le glycogène s’épuise en 24h environ. Le corps va devoir alors trouver une nouvelle source d’énergie.
24h à 48h après de début du jeûne – La crise d’acidose
À partir de ce stade, un changement métabolique brutal s’opère, c’est la crise d’acidose. Le stock de glycogène étant épuisé, le corps va alors aller chercher de l’énergie en puisant dans les réserves de graisse et dans les muscles, en les transformant en corps cétoniques. Ces derniers vont permettrent de fournir une nouvelle source d’énergie à tout notre corps, et en particulier à notre cerveau.
Cette phase du jeûne est la plus désagréable. Elle peut se manifester par une faiblesse générale, le coeur qui bat plus vite, des maux de têtes, des nausées, des sueurs… Rien de bien réjouissant mais ces petits désagréments passent en général au bout de quelques heures !
À partir de 48h après de début du jeûne – Début de l’élimination
L’autophagie s’accélère : le grand nettoyage et le processus de désintoxication commencent alors vraiment. Les symptômes de la crise d’acidose peuvent perdurer un peu mais le corps nous fournit suffisamment d’énergie pour vivre normalement.
5ème jour après le début du jeûne – Économie des muscles
Le corps va maintenant arrêter de puiser dans les protéines des muscles pour se concentrer uniquement sur les lipides, dans le but de limiter la fonte musculaire et surtout d’économiser au maximum les protéines ayant une fonction vitale.
À partir du 6ème jour – Le corps s’habitue
Notre organisme continue de générer de l’énergie à partir des graisses en stock et des corps cétoniques produits par le foie. Le corps s’est maintenant habitué à ce nouveau mode de fonctionnement et il est possible de continuer à jeûner sans risque encore une à deux semaines.
En général à partir de ce stade, la faim et la fatigue disparaissent pour laisser place à une sensation d’euphorie et de lucidité grâce à la sécrétion de certaines hormones notamment (dopamine, adrénaline…).
Au-delà de la 4ème semaine – Épuisement des réserves de graisses
Une fois les réserves de graisses épuisées (généralement vers la 4ème semaine), le corps va alors puiser dans les muscles pour maintenir un minimum d’énergie et de fonction cérébrale. Cette situation ne peut néanmoins pas perdurer au-delà d’une quarantaine de jours car les fonctions vitales de l’organisme seront affectées.
Pourquoi jeûner, quels sont les bienfaits ?
Jeûner permet au système immunitaire de se régénérer et offre un véritable regain de vitalité. Il contribuerait largement au maintien d’une bonne santé et la plupart des ses bienfaits incombent à l’élimination des mauvaises toxines et à la purification du corps.
Reposer son système digestif et détoxifier son corps
Si nous mangeons trop et trop souvent, le système digestif est constamment sollicité et le processus d’autolyse expliqué plus haut n’est pas optimisé. Avec le jeûne, vous allez lui donner un coup de pousse et l’aider à se reposer, se nettoyer, éliminer les déchets et toxines accumulés au fil des années.
En mettant son système digestif au repos, on permet également à notre flore intestinale de se rééquilibrer.
Prévenir ou guérir de maladies
Il a été prouvé que la plupart des maladies prennent leur origine dans les toxines et déchets du corps. Grâce à l’autolyse, le corps va donc accélérer leur élimination et par conséquent prévenir des maladies (hypertension, diabète, maladie cardiovasculaire, maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer…) et même des cancers.
Certaines études et observations sur des patients traités par chimiothérapie avancent que pratiquer le jeûne permet aux cellules cancéreuses de mieux réagir face aux traitements et que les effets secondaires seraient plus faciles à supporter.
Jeûner aurait aussi un impact positif sur les douleurs chroniques grâce à son effet anti-inflammatoire : douleurs articulaires, syndrome de l’intestin irritable, migraines, allergies, etc.
Vivre plus longtemps en bonne santé
Le jeûne stimule l’hormone de croissance, donc le renouvellement cellulaire qui permet une rénovation complète de notre système immunitaire. C’est donc une méthode anti-âge puissante qui va de surcroît retarder voire éliminer l’apparition de maladies liées à l’âge.
Retrouver toute son énergie
Les déchets et toxines présents dans le corps nous polluent et peuvent être la cause d’une fatigue chronique. Leur élimination va vous donner un souffle nouveau et un regain d’énergie.
Améliorer l’aspect de la peau, des cheveux et des ongles
Avez-vous remarqué que l’aspect de votre peau dépend de votre alimentation ? En jeûnant, le système digestif est au repos, les toxines s’éliminent et la flore intestinale se rééquilibre. Résultat, la production de sébum diminue et la peau devient plus lisse et claire.
Perdre du poids
Le jeûne permet d’éliminer les graisses superflues stockées dans le corps. Il a également un impact positif sur la résistance à l’insuline, un facteur déterminant dans les problèmes d’obésité. A condition d’adopter une alimentation saine et une activité physique en dehors, le jeûne peut être un accélérateur intéressant pour perdre du poids.
Les contre-indications
Le jeûne n’est pas fait pour tous car pendant cette période, notre corps est privé des vitamines, minéraux et nutriments essentiels.
Les enfants, les adolescents, les femmes enceintes, les femmes allaitantes et les personnes en sous-poids ne doivent absolument pas jeûner.
Par ailleurs il faut être prudent et demander un avis médical si vous prenez des médicaments, vous avez du diabète de type 1 ou 2, la goutte et une maladie de reflux gastro-œsophagien.
Combien de temps faut-il jeûner ?
Pour qu’un jeûne soit efficace, il faut le pratiquer au minimum 3 jours. C’est à partir de là que le grand nettoyage et le processus de désintoxication du corps commence. Ensuite plus vous continuerez, plus vous allez éliminer. Je vous conseille toutefois d’y aller progressivement au début et surtout d’écouter votre corps.
Il existe d’autres types de jeûnes plus courts mais plus réguliers pouvant avoir également des effets bénéfiques importants (le jeûne intermittent : par exemple manger dans une fenêtre de 8h par jour, ou manger 5 jours sur 7 dans la semaine). Mais ce sujet fera l’objet d’un autre article !
Ouvrages clés sur le sujet :
–
J’espère que cet article vous aura donné envie de vous lancer dans l’aventure. Je publierais prochainement d’autres articles sur le sujet :
- Un guide pratique du jeûne
- Mon expérience du jeûne de 3 jours
- Les bienfaits du jeûne intermittent
Sources
Ouvrages :
- Le jeûne : une nouvelle thérapie ? de Thierry de Lestrade
- The complete guide to fasting – Jason Fung, MD
- L’art De Jeûner : Manuel Du Jeûne Thérapeutique Buchinger – Françoise Wilhelmi De Toledo
Sites internet :
- https://www.mieux-vivre-autrement.com/jeuner-3-jours-renouvelle-le-systeme-immunitaire-entierement.html
- https://www.jeunerpoursasante.fr/conseils-jeune/les-bienfaits-du-jeune/
Études :
- Fasting and cancer treatment in humans: A case series report – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2815756
- A fasting and vegetarian diet treatment trial on chronic inflammatory disorders – https://europepmc.org/abstract/med/6197838
- Fasting for weight loss: an effective strategy or latest dieting trend? – https://www.nature.com/articles/ijo2014214
- Impact of intermittent fasting on health and disease processes – https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1568163716302513
- Autophagy: process and function – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18006683
- Autophagy: cellular and molecular mechanisms – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20225336
- The role of autophagy in cancer – https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2866167
- Caloric restriction and intermittent fasting: Two potential diets for successful brain aging – https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1568163706000523
- Stem cell stories that caught our eye: a surprising benefit of fasting, faster way to make iPSCs, unlocking the secret of leukemia cancer cells – https://blog.cirm.ca.gov/tag/pka/
- Fasting triggers stem cell regeneration of damaged, old immune system – https://www.sciencedaily.com/releases/2014/06/140605141507.htm
Only registered users can comment.